Clean de Juno Dawson

Clean

Juno Dawson

Contemporain

« Visage écrasé contre le cuir. Odeur de voiture neuve.
Je ne peux pas bouger. J’ai été kidnappée. Je ne peux pas bouger.
J’ouvre les yeux. Ça fait mal. Mais j’aperçois mon frère, Nikolai.
? Nik ?
? Tout va bien, Lexi, je vais te trouver de l’aide.
Oh, putain, cette fois, il l’a fait. Il a décidé de me sauver. »

Voilà comment je me suis retrouvée coincée au Clarity Centre, un hôtel de luxe pour les accros en tout genre. Pour moi, c’est un peu Alcatraz avec un spa.

Chacun son poison. Pour Ruby, c’est la bouffe. Pour Kendall, c’est l’excès inverse. Pour Saif, c’est la drogue (aucune originalité), comme moi. Et Brady… Brady, le beau gosse de service, c’est un grand mystère.

Bref, on forme une belle bande de déglingués. Et la nouvelle venue, Sasha, semble encore plus tarée que les autres. La grande question : sommes-nous prêts à être clean ?

A vif.

C’est la première chose qui me vient à l’esprit en refermant ce bouquin.

Dans Clean, Juno Dawson ne s’embarrasse pas de faux semblants. Elle ne lisse pas son discours. Sans être crus, ses propos sont réels, sans paillettes ni fioritures. On parle de tous les sujets : masturbation, amour, déception, sevrage, drogues en tout genre. Elle n’essaie pas d’en faire trop, comme elle se refuse à balancer un voile sur ce qu’est l’addiction – et la vie en général – pour tout lisser. On aura donc droit à des personnages ambivalents, un sevrage dur et cruel, des psychologies compliquées à suivre, tantôt attachantes, tantôt insupportables.

La drogue en générale et l’addiction ne sont pas des choses glamours, et l’autrice nous le fait bien comprendre.

Des personnages mesurés.

Ou pas.

Mesurés dans le sens où on les déteste tout en les aimant. Ils sont accrocs à quelque chose, que ce soit à l’alcool, à la nourriture, au sexe ou aux drogues dures. En cela, on les prend un peu en pitié, on a envie de les protéger. Ils sont faibles face à leur addiction et sont à la fois touchants dans leur combat pour s’en sortir, et exécrables lorsqu’on les voit tenter toutes les magouilles possibles et imaginables pour se procurer l’objet de leur addiction.

Les sautes d’humeurs sont aussi bien évidemment courantes et on se rend bel et bien compte que l’addiction n’a rien de drôle, et qu’on ne s’en sort pas en claquant des doigts comme dans un conte de fée par simple volonté. Rien n’est magique, il faut du temps et de la persévérance, des échecs et des réussites, mais au final rien n’est garanti.

Droit au but.

Si Juno Dawson ne fait pas dans la dentelle au niveau des détails (tout en restant dans le réalisme, sans en faire trop), elle a aussi une écriture qui va droit au but. J’ai trouvé ça assez pertinent quand on voit les sujets qu’elle a décidé d’aborder. On arrive très bien à rentrer dans la tête des personnages, à comprendre ce qu’ils ressentent, sans besoin de lire une phrase de 3 kilomètres de long ou de manger de la métaphore à chaque paragraphe (je ne dis pas que je n’aime pas ça, mais ici ça n’aurait pas fait grand sens).

Conclusion !

J’ai beaucoup aimé cette lecture comme vous vous en doutez. Elle m’a surprise, je ne pensais pas qu’elle aurait un caractère aussi sérieux tout en n’étant pas ennuyant pour autant. Ce n’est pas un coup de cœur, tout simplement parce que je ne pense pas que ce soit mon type de lecture de base, mais je le recommanderais sans hésitation – à un public averti, cela va de soi. Je regarderais aussi ce que Juno Dawson a fait d’autre histoire de voir un peu si d’autres de ses récits pourraient me plaire.

La fin est un peu abrupte selon moi. Je m’attendais à avoir un peu plus de développement, et surtout pas à terminer le roman de manière aussi soudaine, ça n’empêche que cette lecture a été sympathique.

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